Mathie Laborie

Mondes vécus

Mathie Laborie approfondit son travail par la contrainte. La rigueur géométrique d’un coffrage ou d’un contour laisse apparaître des formes sculpturales et dessinées. Le geste se confronte au cloisonnement d‘une ligne droite autoritaire ; les mouvements d’une tache, les réactions chimiques ou la force d’un réflexe, tout dans l’urgence s’y oppose. Les productions, chargées de gestes primitifs, matérialisent des rencontres contradictoires ; entre douceur et rugosité, mollesse et solidité, opacité et transparence. La justesse formelle n’apparaît que par ce dialogue étonnant des contraires. Pour ce faire, l’artiste maintient un processus sériel et répétitif dans sa pratique. Cultivant ainsi l’ennui, l’harmonie de la composition s’offre enfin à son regard attentif. Les formes engendrées font donc face à la lassitude ambiante du cadre monotone, de la surface plane, du calcul de charges imposées. Par des gestes simples, des matériaux rapidement disponibles, l’artiste souhaite conserver les traces d’une dualité. Les sculptures, toutes en état de latence, aériennes ou souterraines, s’imaginent parfois abris, ruines ou idoles d’un temps révolu. La transformation irréversible des matériaux conserve cependant la marque des états antérieurs. Elles n’abriteront ni ne protégeront personne, mais expriment en revanche l’espoir qu’une force vitale, une beauté instinctive, s’en échappe et devienne visible.

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